November 21, 2009

Ma première conférence (28-31 octobre 2009)

de Catherine Stevenson (cathstevenson@comcast.net)

Cette année, la conférence annuelle de l’ATA se déroule à New York, au sein du prestigieux Marriott Marquis, à deux pas de Times Square.

Jeudi

Le premier jour, j’arrive le cœur battant, curieuse et impatiente de découvrir ce que tous ces traducteurs et interprètes ont à dire sur l’état de notre profession, ses tendances, ses nouveautés.

Première découverte : les petits autocollants ronds et colorés indiquant les langues de travail. Tout un chacun essaie de deviner quelle langue se cache derrière le bleu foncé ou le vert clair. D’aucuns arborent pas moins de trois ou quatre autocollants tandis que d’autres, plus modestes ou moins savants, c’est selon, portent un seul autocollant, voire deux. Autre découverte : les happy few ayant décroché leur certification marchent d’un pas assuré, bombant un torse annonçant fièrement, non sans raison, qu’ils sont ‘CERTIFIES’. D’après ce que j’ai entendu dire, cette distinction est d’autant plus méritoire qu’elle n’est octroyée qu’à un candidat sur cinq, lors de chaque session d’examen.

Arrivée en retard à la session d’orientation réservée aux « nouveaux », dont je suis, je décide d’aller faire un tour au cinquième étage, où sont regroupés les agences de traduction, vendeurs de logiciels et autres entreprises en mal de recrutement. Je dégaine mes cartes de visite, échange quelques mots par-ci, quelques politesses par-là et je passe en revue tous les stands. Les agences me demandent de me connecter à leur site et de leur donner mes spécialités et mes tarifs, sésames indispensables à toute future collaboration.

L’après-midi, je me rends à ma toute première session, intitulée « How to successfully market yourself to translation companies » et présentée par George Rimalower. Son exposé est bien construit et logique et il offre une mine de conseils pratiques et judicieux sur la manière de rédiger son CV, le mode d’approche à respecter pour se faire remarquer par les agences et les règles de conduite à suivre pour être le parfait petit traducteur indépendant. J’en ressors avec le sentiment apaisant d’avoir appris quelque chose d’utile.

Autour de 19 heures, je vais à une session de « networking » pour le moins décevante. Comment expliquer en effet que des personnes ayant payé 45 dollars pour circuler entre les groupes, distribuer leur carte de visite et élargir leur réseau professionnel s’évertuent à faire exactement le contraire ? Je passe sur la malencontreuse pénurie de nourriture qui, bien que regrettable, n’explique pas, à elle seule, l’échec de cette session. 

Vendredi

Le lendemain, je vais écouter l’exposé de François Lavallée clamant avec ferveur : « Les slogans, j’en fais mon affaire ! ». Je suis emballée par le fait que cette session est en français et espère passer un bon moment… A l’issue de cette session, je suis conquise par l’analyse convaincante que nous expose cet orateur brillant sur la manière de produire des slogans en français et en anglais. Assurément, il a fort bien articulé ses arguments, les a assortis d’une kyrielle d’exemples bien choisis, sans pour autant oublier de parsemer ses propos de notes d’humour qui captent notre attention et la retiennent jusqu’au bout. Bravo, Monsieur Lavallée !

Après le déjeuner, je décide d’aller écouter Jutta Diel-Dominique, dont la session consiste en une séance de questions-réponses sur la préparation du tant redouté examen de certification de l’ATA. Elle est accompagnée d’un autre responsable de l’ATA dont le nom n’est malheureusement pas mentionné sur le programme. Cette session, dont l’intitulé exact est : « Preparing to take the ATA Certification Exam : Questions and Answers », est fort bienvenue et attire les foules. Madame Diel-Dominique répond aux questions avec aplomb, sérieux, diplomatie et finesse. Je ressors néanmoins sans avoir vraiment rien appris d’essentiel, malgré la qualité des réponses. En revanche, je suis particulièrement surprise, pour ne pas dire déçue, par une bonne majorité des questions posées. Leur nature me donne à penser que les candidats potentiels qui les soulèvent ne sont pas prêts à passer l’examen. J’ai l’impression qu’ils découvrent ce qu’est la traduction. A cet égard, je ressens une vive admiration envers Madame Diel-Dominique, dont le visage reste serein et posé en toutes circonstances.

Je descends ensuite au 6ème étage pour suivre l’exposé de Monsieur Jorge U. Ungo, dont la session porte le titre suivant : « Accentuate the positive : Making your résumé sing ». Monsieur Ungo est dynamique, passionné, intéressant. Il sait capter l’attention et ses exemples sont parlants et convaincants. Certains des conseils qu’il nous donne sont en contradiction avec l’exposé que j’avais suivi jeudi, ce qui me fait penser que la rédaction d’un CV n’est pas entièrement dénuée de subjectivité, mais dans l’ensemble, les recommandations vont dans le même sens et renforcent l’idée de clarté, de professionnalisme et de logique. Cet exposé est vivant et interactif et la volubilité de Monsieur Ungo nous remplit d’enthousiasme et d’énergie.

Je décide de « sécher » la séance de « networking », tant celle de la veille m’avait déçue ! New York by night, here I come !

Samedi

Ce matin est consacré à la réunion annuelle du département français. La salle est comble. Les conversations fusent. Tout le monde échange ses impressions sur la conférence. Madame Virginia Fox nous livre des informations à la pelle et nous parle des problèmes spécifiques à notre groupe. Elle lance un appel aux bonnes volontés pour prendre la relève du département français, qui manque cruellement de bras ou plutôt de plumes.

Avant de dire au revoir à l’insomniaque Big Apple, je me rends à une dernière session intitulée « Leave it to the Pros : Translation project management as a profession ». Dire que cette session me hérisse est un euphémisme : Corlett-Rivera, Mazza, Polakoff et Ritzdorf nous expliquent sans rire que de nos jours, la qualité des traductions importe peu, crise oblige. La mode est aux tarifs bas et pour s’en convaincre, il suffit de les écouter nous prédire que les agences de traduction, qui délocalisent déjà à tour de bras vers la Chine et l’Inde, n’ont pas fini d’abaisser leurs tarifs. Je repars déçue par les propos que je viens d’entendre et je m’en retourne vers ma Californie d’adoption convaincue que la qualité paie quand même et qu’il y a un créneau pour nous tous, traducteurs sérieux et attachés au travail bien fait.

Saint-Jérôme, Patron des traducteurs, priez pour nous !

1 comment:

  1. Nice review Catherine. Merci! It's great to hear an honest opinion of good and bad sessions written down. Too often poeple only say nice things in reviews.

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